Stand Alone Complex
» Synopsis : Stand Alone ComplexDans un futur proche, le japon est devenu un gigantesque conglomérat dont la force économique influe sur un monde désormais ancré dans l'ère de l'information et de la cybernétisation.
Afin de combattre les menaces terroristes qui pèsent sur le pays, une section d'élite des services secrets, la Section 9, est chargée de faire le ménage...
Complots, piratages (informatiques ou non) et assassinats sont le lot quotidien de ses agents.
Mais les machines semblent se rebeller et le major Motoko Kusanagi, chef d'unité de la section 9, va en venir à s'interroger sur sa propre humanité dans un monde qui ne semble plus s'en soucier...
» Film(s) et série, la différence ?La série se démarque tout de suite de ses grands frères, les films réalisés par
Oshii Mamoru. En effet, tandis que les films sont une interprétation du réalisateur par rapport à l'oeuvre originelle de
Shirow Masamune (Appleseed, Orion, etc.), véritable maître du cyberpunk, la série se révèle bien plus proche du manga.
Ainsi, les films sont plus portés sur des réflexions métaphysiques et les interrogations des personnages. Les budgets (surtout pour le 2e film) permettent des effets visuels et des décors de toute beauté.
La série met néanmoins le paquet ! Le budget alloué à
Ghost in the Shell : Stand Alone Complex est digne des grosses productions et on le sent dés le générique d'intro entièrement en 3D.
Il est toujours intéressant de garder à l'esprit les films et la série pour une comparaison entre deux interprétations. C'est ce que je vais tâcher de faire tout au long de cet article.
» En avant la musiqueDans le teaser de la série, on remarque que le nom du compositeur est mis en avant même celui du réalisateur. Si l'on connaît le nom de
Yoko Kanno, on comprend pourquoi (et si on ne le connaît pas, çà se révèle inquiétant... [1] ).
La partition de Yoko Kanno se révèle encore une fois hétéroclite avec une prédominance cette fois pour les musiques électroniques, fait bien compréhensible dans l'univers de GITS [2]. Le générique de début
Inner Universe, chanté en russe et pourvu de tous les bon côté d'une techno enivrante, plante tout de suite le décor et celui de fin,
Lithium Flower, reflète plus l'aspect traditionnel de Yoko Kanno, plus pop [3].
On se rapproche plus du manga que du film qui demeure grandiose grâce aux partitions de
Kenji Kawai (
Avalon,
Ghost in the Shell premier opus). En effet, le manga est bien plus hétéroclite, tout comme la société moderne qui y est décrite.
» Animation : tachikoma danceMais la musique, bien que participant grandement au succès d'une série, ne peut rien donner si l'animation ne suit pas. Quand est-il ?
L'animation de
Stand Alone Complex est efficace. L'ajout d'image de synthèse participe grandement à la fluidité de certains déplacement, notamment en ce qui concerne les robots appelés Tachikoma [4]. Ces petites araignées robotiques semblent se déplacer sur des rollers et leur déplacement en décoiffera plus d'un.
Mais l'un des aspects les plus marquants est cet ajout d'image de synthèse comme reflet de l'interface homme/machine pour les individus de cette ère de l'information. On appréciera sans doute les viseurs virtuels ou encore les scanners rétiniens incorporés. :mmgreen:
» Chara design : cyberpunk baby, cyberpunk !Bien entendu,
Stand Alone Complex et plus généralement l'oeuvre de
Shirow Masamune comporte son lot de jolies cyborgs. Après tout, il s'agit d'une fascination ancestrale pour les Hommes (j'ai mis un H mais en fait, cela est surtout valable pour les
hommes) pour ce qui est beau. Les poupées ont maintenant une voix mais elle ne leur appartient pas.
Côté chara-design, on retrouve à la fois la sobriété des tenus de combats et des costumes des officiels et l'exubérance des tenues du major Motoko Kusanagi notamment avec sa tenue (à faire fondre le pôle nord) du début du premier épisode. Cela choque sans aucun doute mais c'est bien sûr monnaie courante dans l'univers du cyberpunk et
Stand Alone Complex est une oeuvre de cyberpunk assurément.
Le chara-design des personnages du manga est bien respecté même si
Batou semble avoir opté pour une queue de cheval (pression des coiffeurs sur le réalisateur ?). Les cyborgs, les interfaces et toute la technologie y est restituée avec beaucoup d'aisance, nous faisant découvrir un paysage à la fois méconnaissable et si proche de notre univers.
Un bémol tout de même sur les véhicules. Les voitures, réalisées en images de synthèse (avec l'effet
Toon Shade [5] peut être) ne s'intègre pas parfaitement, loin de là. Elles jurent quelque peu avec les décors conventionnels, faisant penser au design de
Funky Cops diffusé sur M6 (design fort joli mais d'un genre totalement différent).
A croire que la série se devait d'avoir certaines imperfections...
» Scénario : comment faire simplement compliquéCe qui m'avait plus dans le premier film [6], c'était la complexité des intrigues. Je n'avais encore rien vu. Le manga s'est révélé encore plus compliqué (les notes de l'auteur y jouant peut être pour beaucoup).
La série comporte tous les éléments du manga. Je ne parle pas ici des intrigues mais plutôt de la philosophie qui guide la construction de ces intrigues. On commence avec des éléments plutôt anodins (si l'on admet que l'assassinat à l'aide de robot geisha est anodin) et, en grattant un peu à la surface, on atteint tout le machiavélisme de l'être humain prêt à tout pour assouvir ses désirs.
Ghost in the Shell ne fait qu'amplifier légérement ce qui peut se passer à notre époque. Le seul facteur changeant est la technologie (l'information circule plus vite, la science cybernétise). De quoi faire froid dans le dos...
De plus, comme le nom de la série l'évoque (
on a du vous le dire des centaines de fois, mais bon, un rappel pourquoi pas... NDA), il s'agit d'aventures apparemment autonomes (
Stand Alone) mais où l'on trouve également un fil d'Ariane (
Complex) qui n'est autre que la « révolte » des robots. Les questions du major Kusanagi dans le film ont trouvées écho dans la série.
Le spectateur est obligé de remettre en question sa notion de l'humanité, grâce à des tournures très astucieuses des scénaristes. Après tout, comment peut-on décider ce qui peut être considérés comme un « être humain », surtout dans un monde où l'informatisation permet le stockage massif de mémoires humaines et où la cybernétisation permet d'effleurer l'immortalité. C'est un thème cher à l'auteur et on le retrouve aussi bien dans les deux films que dans la série et, bien sûr, dans le manga.
» Run rabbit junk !!!Pour conclure, on pourrait dire que
Ghost in the Shell : Stand Alone Complex est une série qui rend dignement hommage à un chef d'oeuvre, référence de tous les adeptes de SF et cyberpunk.
On peut dire que la série se révèle un add-on au manga. Les deux films sont plus spécifiques et marquent plus une vision personnelle (ô combien fameuse) de l'univers de
Shirow Masamune par
Mamoru Oshii.
Avec ses 26 épisodes, la série se révèle prometteuse dés les premiers épisodes. Le changement de tonalité permet de croire en sa longévité et le fait qu'une deuxième saison soit en route le confirme...
Notes :
[1]. Yoko Kanno est l'une des compositrices les plus connue et les plus douées. Reportez vous au lexique pour plus amples informations
[2]. GITS : Ghost in the Shell
[3]. Cf. Cowboy Bebop avec les chansons de Steve Conte
[4]. Les Tachikoma correspondent aux Fuchikoma du manga originelle. On peut noter leur importance dans le manga comme éléments déstabilisant de part la ressemblance de leur psyché avec celle d'enfant. Dans la série, une mini-aventure conclue chaque épisode avec pour thème central : le Tachikoma. Un dvd collectant ces mini-aventure devrait d'ailleurs sortir
[5]. Effet développé pour le nouveau film Appleseed permettant de rendre une image de synthèse plus proche d'un effet dessin animé afin d'empêcher la « froideur » de certaines images
[6]. Eh oui ! Honte à moi, je n'avais pas encore lu le manga lorsque je suis allé voir le film en 95
Crédits :
Article original sur Anime-Days, par
Anime Watcher